Master 1

Chronique de trois étudiants en Architecture.

NOTRE SALON URBAIN

Cetteproposition d’exercice pour l’atelier de projet du semestre 8devrait nous permettre de questionner la problématique du vivreensemble en ville à l’heure de la distanciation et des crises(sanitaires et environnementales). Les mois écoulés depuis février2020 nous ont fait ressentir plus que jamais la nécessité d’uncorps social vivant dans l’espace public urbain. Dans cette périodemarquée par l’incertitude de nos libertés à se déplacer, à serassembler, à faire société, Nous avons explorer la ville deRennes afin d’y découvrir des opportunités spatiales et d’yancrer les conditions de notre (ré)appropriation de l’espacepublic.



Cesderniers mois ont vu la ville s’adapter à de nouveaux usages. Dansde nombreuses métropoles, le vélo s’est partiellement substituéaux voitures disparues dans les rues. Les municipalités ont ainsiréorganisé l’usage des voiries avec des aménagements simples,prolongeant les principes de l’urbanisme tactique apparus dans lesvilles américaines aux chaussées surdimensionnées. Cetterevendication du droit à l’usage de l’espace public pour touss’ancre à la fois dans la contre culture américaine et dansl’histoire la plus ancienne de la constitution des formes urbaines.L’espace de la cité se confond avec l’espace politique.



Etsi cette capacité des citoyens à investir spontanément leur espacecommun permettait de fabriquer l’architecture ? c’étaitl’hypothèse de cette exercice.



"Qu’est-ceque le projet en architecture ?



Est-ceun objectif qui répond à une commande ? La construction d’unimmeuble de logement, ou l’élaboration d’un plan d’urbanisme,par exemple ? Certes, mais encore. Un ensemble de documents, desplans, des coupes, des élévations, qui viennent appuyer unesuccession d’étapes, de la conception à la réalisation ? Oui,d’accord, mais au-delà de ce qu’on pourrait qualifier de «rendu » ? Que dire de toute cette réflexion intermédiaire, cettenourriture qui se partage entre les concepteurs et les acteurs pourconverger vers cette réalisation ? Comment restituer ce qui fondel’essentiel du projet, un partage d’idées qui se renouvellent,selon une narration ?



Unechronique. C’est le défi que nous trois, nous nous sommes lancés.Un projet, c’est aussi une sensibilité subjective de départ, cesont des rencontres humaines, des erreurs, des recherches, deslectures, des chantiers collaboratifs, des doutes quelquefois, maisaussi des avancées fructueuses et partagées. Une aventurecollective. Mais aussi une méthodologie de travail.



Passonsà présent au site, celui des Cartoucheries. C’est en passant parces anciens vestiges d’une zone militaire de l’avant-guerre ausud de Rennes que nous réalisons le paradoxe de ce lieu insolite,ces vieilles pierres enfouies sous la végétation, enclavées dansune ZAC en pleine reconstruction. « Le village d’Astérix », nousdira plus tard un habitué des lieux. Puis, en allant en profondeur,nous comprenons l’importance d’y intégrer un pôle culturel dansles Cartoucheries, en lien avec le cirque et la maison des jeunes.C’est dans la continuité de cette démarche que nous proposons unespace d’accueil pour des festivals, en élargissant notreimplantation, pour renforcer la pratique culturelle du quartier.



D’abord,le site nous permet d’identifier les éléments clefs qui viennentorienter notre implantation. D’abord, des signaux circulaires, lecirque et le promontoire d’une passerelle, conçue par Léa etAgathe. Puis, des vestiges, de toutes sortes, des murs d’usines,des maisons taggées sans toit, un bunker, et des Cartoucheries,disposés selon un ordonnancement qui va imposer notre trame et nosaxes de direction. C’est par la connaissance de ces éléments-làque nous positionnons quatre espaces pour le festival : l’accueil,le camping, la restauration et la scène. Notre implantation vientraconter cette cohabitation entre présence humaine et proximitéavec la friche, la forêt, les murs en pierre, des espaces quis’auto-régénèrent. La silhouette de l’arbre majestueux devientle leitmotiv de notre structure. Le choix du polycarbonate pourcouvrir les toits manquants des maisons, leur donne une seconde vietemporaire. En définitive, nos interventions sont modulables etflexibles. Nous proscrivons les matériaux tels le béton dont laprésence est irréversible, et nous laissons humblement la nature etles ruines existantes assurer la résilience du site.



Enpremier temps, nous vous présentons notre proposition des deuxtypologies de cabanes pour l’espace de camping. Il s’agit d’unestructure sur pilotis, ancrés dans le sol, qui vient supporter notrehabitat, vertical ou horizontal. Celui-ci forme une boîte tramée,composée de murs à ossature bois, avec de la laine de bois enisolation. La distribution est simple, efficace, coordinant un pointd’eau à proximité de l’entrée, ainsi qu’un espace nuit, enmezzanine pour les cabanes verticales. Les cabanes sont montablesfacilement, et leur construction pourrait se faire dans le cadre d’unchantier collaboratif.



L’autrepoint essentiel de notre projet est l’étude de la canopée del’espace d’accueil. Celle-ci repose sur des poteaux en bois àtrois branches, reprenant la silhouette des arbres des Cartoucheries.La canopée est facilement montable au-dessus de ces poteaux, aumoyen de tubes métalliques assemblés les uns aux autres par despattes de fixation. Une couche supérieure de polycarbonate protègedes intempéries et gère l’évacuation pluviale. Mais au-delà deformer un abri, la canopée génère un espace d’accueil et departage, sous lequel les gens peuvent se rassembler, boire ensemble,se poser, faire la fête. En somme, cette structure simple à mettreen place produit une forme architecturale audacieuse, et, nousl’espérons, génère chez les futurs usagers un sentimentd’insouciance et de partage propre à un espace d’accueil pour unfestival. Elle contribue pleinement au cheminement narratif abordépar les Cartoucheries.



Enconclusion, notre projet constitue un ensemble d’interventions quivient nourrir un récit qui démarre dans les Cartoucheries. Uncheminement progressif traversant, des friches envahies devégétation, sans intervention humaine, et des espaces transformésde façon éphémère. Des murs et des vides, et d’autresrecouverts d’une toiture pour retrouver un usage. Des zonesarborées puis des espaces dégagés et puis une canopée.



Maisle tenant de cette narration est cette volonté par touchessuccessives d’implanter des activités culturelles, à la suited’une implication des acteurs locaux à travers les Cartoucheries,le Cirque, la MJC. Nous continuons un élan collectif. Le tout enrestant humble face à la résilience du site et en acceptant que lesusages évoluent car ce sont les usagers eux-mêmes qui viendrontcontinuer le récit à la manière du chantier collaboratif.



"2021.Le Covid est toujours présent dans nos vies. La crise sanitairecontinue de s’imposer mais les mentalités changent. Il y a unevolonté de quitter cette atmosphère d’insecurité et de repensernotre monde. C’est ce que partagent trois jeunes : Donovan, Ilyaset Yves, tous les trois étudiants en architecture à Rennes. Aprèsune journée de cours, ils sortent de l’ENSAB avec une idée entête : aller voir ce nouveau quartier de Rennes, tout juste sorti deterre, à la limite sud de la ville. Le quartier des possibles. Ilsse disent que s’il existe une solution à cette crise, c’est bienlà-bas. Ils prennent alors la nouvelle ligne de métro B endirection de l’arrêt Saint-Jacques-Gaîté, donnant un accèsdirect à ce nouveau quartier : La Courrouze !" "

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